L'Île des Cathédrales

C'était une de ces rares journées ensoleillées, celles où aucun nuage ne venait troubler son humeur, où aucune goutte d'eau n'inondait les rues, où elle réussissait à s'arracher un sourire, où elle retrouvait sa joie de vivre. Cet après-midi là, la révolte n'avait pas cessé, montant même en force. Les révolutionnaires semblaient infatigables, menés par la colère. Alexane marchait, errant entre les bâtiments et essayant de les éviter. ce n'était pas toujours simple. Certains lui lançait des regards dégoûtés. Comme si elle avait quelque chose à avoir avec tout cela. La famine du tiers-état était totalement injuste. Tandis que le roi vivait dans la richesse, les paysans mourrait de faim. Les nobles, les membres du clergé et le monarque ne payait aucune taxe, contrairement à eux. Alexane s'en voulait de ne pas être dans leur cas.

La plupart du temps, elle les ignorait, alors qu'elle aurait voulu faire le contraire. Continuant d'avancer, emplies de remords. Certes, elle ne souhaitait en aucun cas la mort du roi. Juste plusieurs changements. Au mieux, une abolition de cette monarchie absolue.

Aujourd'hui, elle se rendait à l'église, pour prier, pour la survie du roi, pour que Dieu lui vienne en aide.  Il en aurait bien besoin. Pour sûr, elle se dirigea à grand vitesse vers un endroit où elle serait au calme, un lieu de prières et de culte. Habituellement, peu de personnes y étaient. C'était au tout début de la journée que les croyants et croyantes bondaient ce lieu sacré. Aussi, elle ne s'attendait pas à trouver une jeune fille, qui semblait avoir le même âge qu'Alexane, prier dans la quiétude la plus totale. Cela la surprit, même. Jamais -sauf à quelques exceptions près, elle n'avait vu quelqu'un, ici, en dehors de la rosée matinale et des frêles lueurs du soleil qui sortait d'un doux et long sommeil, tandis que la lune partait se reposer. Rare arrivait-il qu'âme qui vive se trouvait ici, à cette heure.

Alexane n'osait approcher, de peur de déranger celle à qui appartenait cette chevelure turquoise. Elle se fit donc discrète, voire marchant sur la pointe des pieds, à pas de souris. Tranquillement et aussi lentement qu'elle le pouvait, Alexane s'assit, juste en arrière de la jeune fille.