Un petit tour au marché des épices ♫

Il était huit heures quand ton réveil avait sonné ce matin-là. Tu t'étais demandée si tu devais te lever. On était dimanche, tu te souviens ? Puis tu t'étais rappelée de ta promesse, fait à toi même à l'âge de quatorze ans. Carpe Diem. Profite du moment présent. Alors tu t'étais levée, comme la veille, et à ce moment, tu t'es dit : « Mais pourquoi dois-je me lever si tôt ? ». Tu te le disais tous les matins, tu te souviens ? Et comme d'habitude, tu avais ensuite posé les yeux sur ta liste de choses à faire, ta « to-do-list », comme tu l'appelais. Et tu t'étais ainsi souvenue de pourquoi tu t'étais levée. Melody, tu te souviens de ce qui figurait encore en haut de ta liste ? Tu l'avais inscrit à la peinture blanche lorsqu'on t'avais offert cette ardoise, à tes seize ans. C'était écrit « la retrouver », Melody. La retrouver.

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Il était dix heures lorsque tu avais entamé ce livre. Il se nommait « Quelques fleurs sauvages », et l'auteure, tu te souvenais d'elle, était une vieille dame, riche et prétentieuse. La rédaction de « Paris Sincère », le journal où tu travaillais alors, t'avais demandé d'en faire une critique. Objective, qu'ils avaient dit. C'était un peu ça, ton job. Donner ton avis, mais pas trop. « Paris Sincère » …

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A Midi, ce fut un SMS de Louis qui te sortit de ton sommeil. La chaleur t'avait endormie. Il te proposait de passer faire un tour au marché des épices, qui avait lieu tous les dimanches dans la cour de ton immeuble. Souriant pour toi même, tu lui avais répondu que ça te plairait beaucoup. Puis tu étais partie te faire des pâtes. Des pâtes, Melody ! Tu cuisinais bien pourtant, alors pourquoi ça ?

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Il était quatorze heures tout pile à ta montre, lorsque Louis t'envoya un message pour te prévenir qu'il était en bas. Il était ponctuel, pour une fois. Tu savais qu'il s'était sans doute levé à peine une demie-heure avant, lève tard comme il était. Ça t'énervais toujours, toi qui avais besoin de tant de temps pour te préparer le matin. Tu descendis les marches quatre à quatre, ravie de le voir. Il était là, souriant, magnifique, comme à son habitude. Il te prit à la taille et te posa une bise sur chaque joue. Tu t'étais écartée de son étreinte avec un sourire.  La cour de ton immeuble était agitée, aujourd'hui. On disait qu'un nouveau voisin était arrivé, et les ragots allaient bon train. De plus, le marché était très animé, comme d'habitude. Vous vous étiez d'abord rendus à un petit stand, où il t'amena, qui vendait des bracelets. En effet, le marché des épices était un nom ancestral, mais cela faisait bien longtemps qu'il s'était diversifié. Il prit ta main avec douceur, et tu ris lorsqu'il glissa autour de ton poignet un fin bandeau de cuir brun, de la couleur de tes yeux. Il te souris, et saisis son argent pour te l'offrir. Tu compris son geste et t’écrias : « Non ! Je paye ! » Il posa son doigt sur ta bouche et te chuchota : « Cadeau. » Tu souris. Il paya, et t'emmena ensuite vers un autre stand. Entre vous deux, il existait depuis longtemps une sorte de jeu de séduction, et cela vous amusait.

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Louis était chanteur. Tu étais fan de lui depuis tes treize ans, et puis un jour, tu l'avais rencontré. Le destin vous avait rapprochés : Amelia, ta sœur, avait rencontré Jean-Etienne, un membre du groupe de musique de Louis, lors d'une soirée. Ils étaient tombés amoureux. Tu te souviens, Melody, du jour où elle t'as dit : « Je crois que tu le connais, au moins de nom ... » Tu avais alors seize ans. Ce dimanche là, ça faisait deux ans qu'ils étaient mariés, Amelia et Jean-Etienne. Et ta sœur attendait un enfant. Melody, tu allais être tante. Soudain, tu vis Louis s'arrêter brusquement. Il s'écria alors : « Sébastien ! » et tu vis qui il regardait. C'était un de ses amis, un autre chanteur, qui avait partagé longtemps la scène avec lui lors de leur comédie musicale. Et il était accompagné de sa fiancée, Roxane, qui était elle aussi une ancienne collègue de Louis. Et elle semblait porter la vie dans son ventre, tu te souviens, Melody ? Elle était enceinte.

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Roxane et Sébastien étaient partis. Vous aviez été ravis de les voir, Louis parce qu'il était leur ami, toi parce que tu étais leur fan. Mais à ce moment, tu étais très heureuse d'être à nouveau seule avec lui. Il t'emmena vers la baraque à vin. Tu ris lorsqu'il te proposa de t'acheter une bouteille. « Ah non c'est vrai, tu ne bois pas. », se moqua-t-il. Tu secoua la tête. Le reste de la journée se passa de la même manière, jusqu'à son départ, vers dix-huit heures trente. Tu le raccompagna à sa voiture et, avant qu'il ne s'en aille, il déposa un baiser sur ta joue. Tu te souviens Melody ? Quand il s'en alla, tu avais des étoiles plein les yeux.