Dans les rues de Paris

Elle s'était laissée faire puis s'était reculée pour le fixer. Elle balbutia puis, ne sachant quoi dire, elle l'embrassa à son tour. Thomas fut surpris de son geste retour. Il n'avait jamais été proche de quelqu'un ainsi, en dehors de sa petite soeur qu'il fallait toujours rassurer.

"- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"

Dit-il une fois qu'ils se furent séparés. Les journaux étaient donnés, qu'allaient-ils faire ? Et toujours aucune trace de Jasmine ? Cette question prit réponse quelques secondes plus tard quand, par-dessus l'épaule d'Aliénor, il aperçut un chariot de la garde royale, celui qui sert à emmener les prisonniers. Il regarda attentivement pendant quelques instants puis ses yeux s'écarquillèrent. Jasmine était dedans !

"- Elle va se faire emmener par la garde !" dit-il à Aliénor.

Mais c'était trop tard, ils l'emmenaient déjà...

"- Il faut qu'on aille à la Conciergerie !"

L'endroit où étaient emprisonnés les soi-disant criminels jusque la potence. C'était sa seule chance de sauver sa soeur. A moins qu'ils n'emmènent ces quelques prisonniers au château... de Versailles.

"- Il faut qu'on aille à la Conciergerie !"

Aliénor, paniquée, lui attrapa le bras. Elle n'allait pas le laisser s'enfuir comme ça, surtout qu'une course effrénée ne servirait à rien. Le sentiment de sécurité qui l'avait habitée n'était plus qu'un lointain souvenir.

"Arrête ! Ca ne sert à rien ! Viens, suis-moi, je sais où trouver un cheval."

Elle le pris par le bras et l'entraîna dans une rue avoisinante.

"Ne te fais pas de mauvais sang. On la retrouvera. Je te l'ai promis."

Un cheval ? Sérieux ? Elle sait où trouver un cheval ? Décidément, cette fille était surprenante, connaissait-elle la ville par coeur ?

"- J'espère, parce qu'elle est tout ce qu'il me reste de ma famille."

Dit-il avant de commencer à la suivre.

"- J'espère, parce qu'elle est tout ce qu'il me reste de ma famille."

Aliénor, inquiète pour Jasmine, saisit la main de Thomas. Elle la regarda un instant puis continua à marcher. Elle bifurqua dans une rue avoisinante, et au bout de quelques minutes de marche, ils arrivèrent près d'une écurie miteuse. Elle lâcha la main de Thomas, posa un doigt sur ses lèvres en signe de silence, fit signe à Thomas de rester là et sauta délicatement au dessus de la barrière. Elle se faufila rapidement à l'intérieur, et détacha le premier cheval venu. Comme d'habitude, le patron dormait, soûl, devant sa porte. Elle sauta sur le cheval, le fit sauter au dessus de la barrière et appela Thomas. Le patron, réveillé à cause du bruit, commença à courir vers eux, mais Aliénor avait déjà fait monter Thomas et avait lancé le cheval au galop. Au bout de quelques instants, le vieil homme abandonna la course. Ali se retourna alors vers Thomas.

"On ira plus vite, comme ça. Alors ? Raconte moi ta vie."

Elle l'emmena jusqu'à une écurie, prit un cheval et monta dessus. Elle fit signe à Thomas de le rejoindre. Prit de court, il sauta sur le cheval et ils partirent au galop, laissant un homme furieux derrière.

"- Voler un cheval ? Et tu oses me réprimander pour avoir menacé un homme ?" se moqua-t-il.

Elle venait de lui demander qu'il lui raconte sa vie. Lui n'avait pas grand chose à dire. Il n'avait pas eu une enfance brillante et son histoire était plutôt pathétique.

"- Je t'achèterai une pièce de Shakespeare si tu veux, ce sera bien plus intéressant."

Cet illusion à cet auteur célèbre lui rappela l'ouvrage d'Hamlet que son père lui avait offert quand il était tout petit. Il avait appris à lire avec ce dernier, chose que peu de personnes peuvent.

"- Voler un cheval ? Et tu oses me réprimander pour avoir menacé un homme ?"

Aliénor, concentrée sur la route, ne riait plus.

"Il y a un léger détail en plus. Une vie en danger."

Elle savait que cette phrase allait faire mal à Thomas, mais il fallait être réaliste, et se dépêcher.

"Ne t'inquiète pas. On y arrivera."

Une vie en danger ? Oh, pauvre gars, c'était un sale type et le tuer n'aurait pas dérangé Thomas. Après plusieurs années de vie seul avec sa soeur, devant la protéger, il a eut le temps de prendre conscience du fait que pour survivre dans ce monde, il faut se défendre. Il ne répondit pas tout de suite à Aliénor, déjà car il ne savait pas quoi répondre de sympathique et qu'en plus il n'avait jamais monté à cheval et manquait de valser à chaque instant. Quand le cheval ralentit l'allure pour aller au pas, Thomas pu enfin souffler.

"- Alors, on va où ?"

"- Alors, on va où ?"

Aliénor sourit.

"- Là où ta sœur est ! A la Conciergerie !"

Et elle lança le cheval au galop.

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Ils étaient arrivés, en même temps que les chevaux des gardes, qui s'étaient arrêtés pour attraper quelques autres jeunots. Dans le dos des gardes, Aliénor se faufila, suivie par Thomas.

La conciergerie était truffée de gardes et ils devraient se montrer très prudent s'ils ne voulaient pas se faire prendre. La voiture contenant Jasmine ne devait pas se trouver bien loin devant eux, sûrement devait-elle avoir enfermé cette dernière en prison depuis peu de temps.

"- Il faut trouver la porte du personnel de service, dit-il. Il y a toujours un personnel de service. Et s'il le faut, nous attendrons l'heure du repas. Mais j'ai peur qu'ils n'emmènent des prisonniers à la guillotine avant et ils n'ont rien à tirer d'une fillette."

Thomas était à deux doigts de foncer tête baissée, imaginant avec horreur ce que sa soeur pourrait être en train de subir.

"- Il faut trouver la porte du personnel de service, dit-il. Il y a toujours un personnel de service. Et s'il le faut, nous attendrons l'heure du repas. Mais j'ai peur qu'ils n'emmènent des prisonniers à la guillotine avant et ils n'ont rien à tirer d'une fillette."

Aliénor posa sa main sur l'épaule de Thomas pour le calmer, imaginant sans peine la terreur qui grandissait en lui. Elle savait, tout comme lui, que Jasmine était en danger. Mais partir sans idée de où aller n'allait pas mener à grand chose. Soudain, Aliénor repéra une petite porte située entre deux poubelles.

"Ce n'est pas cette porte, là ?"

Il se tourna vers la porte qu'elle désignait. En bois, simple. Des gens en tenue à bas prix entraient et sortaient par intervalles de quelques minutes. Un duo de femmes s'apprêtaient à entrer.

"On devrait les suivre !"

"On devrait les suivre !"

Aliénor saisit Thomas par le poignet et plaqua sa main sur sa bouche.

"Arrête de parler si fort ! On va nous repérer !"

Il retira la main d'Aliénor posée sur sa bouche et murmura :

"- Il faut qu'on y aille maintenant ! C'est notre unique occasion !"

Il la prit par le poignet et la tira discrètement jusqu'à la porte, se glissant juste derrière un des "servants". Une fois à l'intérieur, il fit passer Aliénor dans une alcôve sombre et s'y cacha aussi.

"- On continuera quand il n'y aura plus personne."

Il tourna la tête vers Aliénor et croisa son regard. Il avait sûrement l'air inquiet. Il lui sourit comme pour la rassurer et la serra contre lui. On ne sait jamais, peut-être qu'il se fera prendre et sera emmené à la guillotine. Il s'en fichait, ce qu'il voulait à tout prix était sauver sa soeur.

"- Il faut qu'on y aille maintenant ! C'est notre unique occasion !"

Il la prit par la main et lui fit franchir la porte.

"- On continuera quand il n'y aura plus personne."

Cachés dans un coin, il la serra contre elle, ce qui la perturba au plus haut point. Mais elle n'avait pas le temps de penser à ce genre de choses. Soudain, elle entendit un cri venant de la droite. Elle vit alors un jeune homme, qui devait avoir son âge, qui essayait lui aussi de se faufiler à l'intérieur. Mais lui avait été repéré par les gardes. Une veine, se dit Ali, ils allaient pouvoir s'en servir ! Avec un pincement au coeur, elle saisit Thomas par le bras et l'amena vers l'intérieur, déserté par les gardes.